
Marché et stratégies concurrentielles des entreprises
18 mars 2019Notions à retenir pour cette fiche : monopole discriminant, barrières à l’entrée, faiseur de prix
– La stratégie concurrentielle peut s’appuyer sur différents éléments reposant à la fois sur la capacité d’innovation de l’entreprise lui permettant de disposer des brevets la protégeant de la concurrence, mais aussi de coûts de production inférieurs par rapport à ses concurrents et obtenus grâce à des choix industriels performants ;
– Une stratégie concurrentielle peut reposer par ailleurs sur la marque et la qualité des produits fabriqués, ou bien encore dans le choix de se positionner dans une niche de marché correspondant à de nouveaux besoins des consommateurs ;
– La stratégie concurrentielle peut aussi découler d’une organisation de la production permettant de tirer le maximum de valeur ajoutée des ressources dont elle dispose (personnels, outils de production, partenariat avec des fournisseurs…), ce que les économistes appellent la chaîne de valeur. Ces innovations procurent ainsi à l’entreprise un avantage comparatif.
Une stratégie concurrentielle est donc la réponse d’une entreprise face aux changements de son environnement et à la nécessité de se donner les moyens d’assurer son existence grâce à la recherche de nouvelles sources de profit. Face à la multiplicité des changements, et à l’accroissement de leur rapidité, le degré d’adaptation d’une entreprise dépend très étroitement de sa capacité à définir sa stratégie concurrentielle. De nombreux économistes depuis le début des années 1990, soulignent la vitesse accrue des changements qui interviennent et l’élévation du niveau d’incertitude qui caractérisent l’environnement des entreprises. Les stratégies concurrentielles doivent reposer dans ce contexte sur un degré élevé d’adaptabilité, de réactivité et de flexibilité qui nécessite de grandes capacités d’anticipations.
1) fabrication d’un bien nouveau ou attribution à un bien d’une qualité nouvelle ;
2) introduction d’une méthode de production nouvelle (procédé commercial, industriel…) ;
3) ouverture d’un nouveau débouché, d’un nouveau marché (niche de marché…) ;
4) nouvelle source de matière première, énergie ou de produits semi-ouvrés ;
5) nouvelle méthode d’organisation productive (groupes, conglomérats) ou nouvelles structures de marché (oligopoles, monopole…).
Les changements technologiques sont aujourd’hui beaucoup plus fréquents qu’auparavant et découlent très largement des stratégies concurrentielles d’innovations. L’exemple des téléphones portables capables de remplir des fonctions de plus en plus complexes en est une parfaite illustration. Innover permet de monopoliser le marché et de réduire la concurrence grâce aux brevets détenus.
Les innovations peuvent conduire à de véritables stratégies de rupturede la part de certaines entreprises leur permettant d’effacer les barrières à l’entrée sur un marché et de changer ou transgresser les règles du jeu en leur faveur. Ces stratégies qui correspondent à une véritable redéfinition du mode de fonctionnement d’un secteur économique font référence à ce que Schumpeter qualifiait de destruction créatrice.
Les entreprises construisent ces stratégies de rupture en s’appuyant sur leurs ressources propres (innovations-brevet, ressources humaines,…). L’exemple des compagnies aériennes low cost (voir ci-dessous) est à ce sujet particulièrement parlant. Les stratégies de rupture constituent une volonté forte d’orienter l’offre dans une direction favorable à l’entreprise et ainsi de se distinguer durablement de ses concurrents dans ce que certains économistes qualifient d’« océan bleu » libre de toute concurrence. Face aux faiseurs de règles (rules makers) ou preneurs de règles (rules takers), les entreprises qui développent des stratégies de rupture sont considérées comme des briseurs de règles (rules breakers) et sont le plus souvent des acteurs nouveaux (outsiders) sur les marchés qui profitent de l’inertie des entreprises déjà présentes (insiders). En situation de quasi-monopole, ces entreprises vont pouvoir pratiquer une stratégie de prix de monopole discriminant.
Les stratégies concurrentielles ne consistent pas uniquement à s’opposer aux concurrents. Elles peuvent s’appuyer sur des opérations de coopérations, d’alliances, de joint-venture avec d’autres entreprises. Certaines entreprises sont donc à la fois concurrentes sur un marché, mais peuvent aussi se mettre d’accord sur d’autres. De tels processus de coopération peuvent conduire les entreprises vers des processus de fusion-acquisition afin de renforcer leur position sur un marché. Les entreprises ne peuvent cependant faire abstraction des règles de la concurrence fixées par les pouvoirs publics sous peine d’être sanctionnées.
Sur le marché des forfaits de téléphone portable, la stratégie « low cost » de l’opérateur Free n’est pas sans rappeler celle des compagnies aériennes low cost (voir ci-dessous). En effet, en positionnant sa grille tarifaire à un niveau inférieur à celui de ses concurrents, et grâce à une politique marketing agressive, cet opérateur a joué le rôle de briseur de règles analysé par les économistes.
Par ailleurs, les compagnies aériennes traditionnelles ont été conduites à renforcer les liens construits avec d’autres compagnies dans le cadre de leur politique d’alliance mondiale (Skyteam, Star Alliance, One World) afin de fidéliser leur clientèle en leur offrant un continuité accrue de services entre compagnies.
Entre stratégies de rupture, stratégies d’innovation, et stratégies d’alliance, les entreprises disposent d’une multitude d’opportunités pour déterminer à l’avenir leurs sources de profit. Développer des stratégies concurrentielles est ainsi devenue une nécessité impérieuse qui conditionne très largement la capacité d’existence des entreprises dans un environnement marqué par les changements incessants.
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