Préface
A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, une longue période de prospérité
s’est ouverte dans la plupart des pays actuellement membres de l’OCDE.
Durant près de trois décennies, que les historiens qualifient désormais
de « trente glorieuses », la croissance est restée exceptionnellement
forte et dans de nombreux pays les revenus par tête ont eu tendance
à rattraper les niveaux américains. Cette période faste a beaucoup
contribué à accréditer l’idée que dans un environnement international
largement ouvert le rattrapage économique avait un caractère quasiment
automatique.
L’histoire des deux dernières décennies est venue tempérer, très
fortement, cet enthousiasme initial. Dans les grands pays d’Europe
continentale, le revenu par tête a cessé de converger vers les niveaux
américains à partir du début des années 80 avant de s’affaisser en
termes relatifs tout au long des années 90. Le Japon a connu, pour sa
part, un revers de fortune analogue au cours des 15 dernières années.
Il apparaît, avec le recul, que la très importante accélération de productivité
observée aux États-Unis depuis 1995 ne s’est pas transmise aussi bien
qu’on aurait pu l’espérer aux autres pays de l’OCDE. Ces déceptions
ont été aggravées de surcroît en Europe par des politiques du marché
du travail souvent inadaptées. Visant à décourager l’offre de travail des
salariés dans le but de réduire le chômage, elles ont surtout contribué
à déprimer les taux d’emploi et le revenu par tête. Ces difficultés ne
doivent pas faire oublier pour autant que de grands pays comme l’Australie,
le Royaume-Uni ou le Canada et certains petits pays de l’OCDE ont
repris brillamment depuis quelques années le chemin de la convergence
économique. Il apparaît désormais que la convergence des niveaux de
vie n’est pas automatique et que le progrès technique n’est pas
« exogène ». Comme le suggèrent fortement les nouvelles théories de
la croissance, il dépend en fait de la qualité des institutions nationales
et des politiques publiques.
Passer de la théorie à la pratique, mieux comprendre les déterminants
concrets de la croissance, telle a été l’ambition qui a conduit l’OCDE
à s’engager dans un projet de recherche de longue haleine débouchant
aujourd’hui sur la publication de cet ouvrage. Il serait illusoire de résumer
en quelques lignes les conclusions nombreuses et importantes auxquelles
les auteurs de «comprendre la croissance économique» sont parvenus
à l’issue de nombreuses comparaisons internationales et de travaux
d’analyse quantitative «pointus». On peut cependant mettre en exergue
quelques grands enseignements qu’il faudra garder à l’esprit dans la
conduite des politiques publiques, si l’on souhaite renforcer les perspectives
téléchargez le ici
de croissance au sein des pays de l’OCDE.
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