La globalisation financière

La globalisation financière

18 avril 2019 0 Par Amine Nasrallah

Qu’est-ce que la globalisation financière ?

La globalisation financière est un processus d’intégration des différents marchés de capitaux et d’ouverture de tous les marchés nationaux à l’international pour aboutir à un marché mondial unique des capitaux.

Elle est caractérisée par une triple unité : de lieu, de temps et de produits :

  • Unité de lieu : les places financières sont interconnectées les unes aux autres par des réseaux modernes de communication
  • Unité de temps : le marché international des capitaux fonctionne en permanence (24 heures sur 24)
  • Unité de produits : les mêmes produits financiers sont proposés partout

Ce marché mondial des capitaux permet à tout investisseur ou emprunteur de rechercher le meilleur rendement et la meilleure protection en procédant au déplacement de fonds d’un type de titre à un autre ou d’une monnaie à une autre.

Quelles sont les origines de la globalisation financière ?

La globalisation financière est la résultante de trois phénomènes : les réformes introduites dans le système monétaire et financier international, les innovations technologiques, les innovations financières :

Au cours des années 1980, les pays développés suivis par les pays émergents, ont procédé à des réformes qui ont transformé le système financier international. Ces réformes qui visent la libéralisation des marchés financiers ont été désignées par le sigle “3 D” : déréglementation, désintermédiation et décloisonnement :

  • La dérèglementation financière commencée dans les années 1980, avait comme objectif la suppression des règles empêchant la libre circulation des capitaux. Elle a abouti à une grande liberté de circulation des capitaux.
  • La désintermédiation financière désigne la réduction des financements dit «intermédiés» qui obligeaient offreurs et demandeurs de capitaux à passer par un intermédiaire pour être mis en relation. Elle a modifié le mode de financement des entreprises qui accèdent directement aux marchés de capitaux, par émission de titres.
  • Le décloisonnement des marchés vise à supprimer la segmentation des marchés financiers entre marchés de court terme et marchés de long terme. Elle permet aux investisseurs de placer leurs liquidités sur de nombreux marchés interconnectés. Désormais les investisseurs peuvent passer d’un marché à un autre, à la recherche du placement le plus rémunérateur possible.
  • Le développement des TIC a permis l’interconnection des marchés et des places financières. Les investisseurs ont la possibilité de déplacer rapidement leurs capitaux d’une place financière à une autre au gré des opportunités de profit.
  • Au cours des années 1980-1990, les progrès de la théorie financière ont fait naître de nouveaux instruments et de nouveaux marchés. Les investisseurs ont désormais la possibilité de multiplier les opérations de placement, d’endettement, d’assurance et de spéculation.

Quels sont les acteurs de la globalisation financière ?

La globalisation financière est le fait de plusieurs types d’acteurs, parmi lesquels on trouve :

  • Les firmes multinationales (FMN), acteurs majeurs de la globalisation financière, réalisent des investissements directs à l’étranger selon trois modalités : en achetant une entreprise locale, en créant une entreprise à l’étranger, en réalisant des opérations financières entre maison mère et filiales à l’étranger.
  • Les investisseurs institutionnels  (compagnies d’assurance, caisses de retraite et organismes de placement collectif) placent les fonds qu’ils collectent auprès d’une multitude de petits épargnants. Ils sont devenus les principaux acquéreurs de titres sur les marchés financiers. Ils diversifient leurs placements pour diminuer le risque de perte du capital.
  • Les banques d’investissement financent la création et le développement de sociétés par le biais de placements à risque. Elles exercent également des activités de conseil en matière de fusion et de rachat d’entreprises.
  • Les Hedge funds sont des fonds spéculatifs non cotés, à la recherche de profits à court terme. Ils réalisent une multitude d’opérations sur les actifs financiers et les matières premières.
  • Les fonds souverains placent l’épargne des États qui les ont créés à cette fin.

Quels sont les principaux flux financiers internationaux ?

La globalisation financière a amplifié trois catégories de flux financiers : les investissements directs à l’étranger (IDE), les achats de titres étrangers et les placements à très court terme sur une place financière étrangère.

  • L’IDE est une opération par laquelle un investisseur basé dans un pays acquiert un actif dans un autre pays avec l’intention de le gérer sur le long terme. Pour les pays d’origine, les IDE peuvent favoriser la rentabilité des entreprises nationales et accélérer la croissance économique. Pour les pays d’accueil, les IDE améliorent le niveau de l’emploi et le financement du développement économique.
  • Les achats de titres étrangers sont des placements en actions, obligations ou tout autre produit financier à plus d’un an. Ces investissements ont enregistré un développement très important ces dernières années.
  • Les placements à très court terme sur une place étrangère sont des flux très sensibles aux variations des taux d’intérêt et des taux de change.

Quels sont les effets attendus de la globalisation financière ?

Pour ses partisans, la globalisation financière présente cinq avantages principaux :

  • Facteur de croissance économique : le déplacement du capital vers les pays où celui-ci est rare, favorise leur croissance économique. Pour certains pays émergents, les entrées de capitaux ont permis de combler l’insuffisance de l’épargne interne. L’achat d’actifs financiers dans les pays à déficit d’épargne, favorise l’investissement dans ces pays, ce qui contribue à la croissance économique. La globalisation accentue la concurrence entre les banques d’où une amélioration des conditions d’emprunts et de placement pour les agents économiques.
  • Couverture contre certains risques : la création de produits dérivés permet aux entreprises de se couvrir contre les risques de variation du change, du taux d’intérêt et des fluctuations du cours des matières premières.
  • Diversification des patrimoines : la globalisation financière permet la diversification accrue des actifs internationaux.
  • Efficience dans l’allocation des ressources : le déplacement du capital d’un pays à faible taux de profit vers un pays à taux de profit élevé permet d’optimiser la rentabilité du placement des capitaux à l’échelle du monde.
  • Amélioration de la liquidité des marchés : la globalisation permet d’améliorer la liquidité des marchés financiers. Il est devenu plus facile et plus rapide d’acheter ou de vendre des titres financiers à travers le monde.

Quels sont les risques financiers au niveau mondial ?

Pour ses détracteurs, la globalisation financière comporte des effets pervers et une montée des risques qui génèrent des crises récurrentes.

Les effets pervers sont des conséquences non désirées de la globalisation financière :

  • Autonomie de la finance : les opérations financières sont 40 fois supérieures aux opérations liées à l’achat de biens ou de services. Elles sont de plus en plus liées à la perspective de réalisation de gains spéculatifs. On assiste donc à une déconnexion de la sphère financière vis-à-vis de l’économie réelle.
  • Perte de pouvoir des États : les autorités monétaires ont perdu de leurs pouvoirs au profit d’importants investisseurs privés. Par leurs placements financiers, ces investisseurs influencent les taux d’intérêt et les taux de change.
  • Asymétrie : les statistiques montrent que les capitaux se détournent des pays en développement. Les États-Unis ont attiré les capitaux étrangers pour financer leur consommation, investissements et innovations.
  • Développement des paradis fiscaux : les années 90 se caractérisent par la prolifération des fonds gérés par des paradis fiscaux. Ces paradis fiscaux favorisent le blanchiment d’argent sale et l’évasion fiscale.

La globalisation financière a accru les risques au niveau mondial :

  • Risques de solvabilité, de crédit liés à la défection des débiteurs
  • Risques de marché liés aux variations des cours boursiers
  • Bulles spéculatives : une bulle spéculative est une valorisation excessive des prix des actifs financiers. Les produits dérivés ont favorisé la spéculation.
  • Risque systémique : avec la globalisation financière, les pays sont devenus interdépendants financièrement. Une crise monétaire d’un pays se répercute rapidement sur l’ensemble de la planète (effet domino).

Par comparaison avec les Trente glorieuses, la période qui s’ouvre avec les années 1980 se caractérise par des crises financières récurrentes. Les crises financières peuvent prendre plusieurs formes : krachs boursiers, crises de change, crises bancaires…

Exemples de crises financières récentes :

  • Crise mexicaine de 1984
  • Crise asiatique des années 1990
  • Crise monétaire européenne de 1993
  • Bulle Internet des années 2000
  • Crise argentine de 2001
  • Crise des subprimes de 2007-2008
  • Crise de la dette grecque en 2010

Pour éviter les crises financières, plusieurs propositions ont été récemment faites :

  • Taxer les mouvements de capitaux (taxe Tobin) afin de limiter la spéculation
  • Fixer des règles prudentielles pour mieux surveiller le système bancaire et financier
  • Donner davantage de moyens aux organismes internationaux (BCE, FMI, BRI..)

 

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