
HPE : école des classiques (Adam Smith, Ricardo, malthus, say,…)
22 avril 2019Pour comprendre les théories de l’école classique, nous allons tout d’abord procéder à sa présentation (période de vie et auteurs classiques), ensuite entrer dans leurs analyses (un auteurs après l’autre) pour finir par leurs points communs.
I-PRESENTATION DU COURANT DES CLASSIQUES
La présentation du courant des classiques repose sur leur période de vie et les auteurs qui ont profondément contribués à son développement.
A- Période de vie
Apparu au XVIIIeme siècle (siècle des lumières et de la révolution protestante), les auteurs classiques proposent une analyse scientifique du fonctionnement de l’économie, de façon générale, et du système capitaliste en particulier.
B- Auteurs classiques
Les membres les plus importants sont, en Grande-Bretagne, Adam SMITH (1723-1790) ; David RICARDO (1772-1823) ; Thomas Robert MALTHUS (1766-1834), John Stuart MILL (1806-1873), et en France, Jean Baptiste SAY (1767-1832) et Frédéric BASTIAT (1801-1850).
II-ANALYSE DES CLASSIQUES
Les auteurs classiques font une analyse du système capitaliste ; un modèle de développement économique axé sur la propriété privée et la maximisation du profit. L’approche de l’école classique peut se faire en dissociant les auteurs anglais des auteurs français ou, de façon plus pertinente, en distinguant les classiques optimistes, des classiques pessimistes.
L’analyse des classiques porte sur les phénomènes traditionnels tels que la croissance, le développement, la répartition des richesses entre classes sociales et d’autres thèmes tels que le rôle de la monnaie, le rôle de l’Etat.
A- Classiques optimistes:
Les classiques optimistes sont les auteurs qui ont une vision optimiste quant à l’avenir du système capitaliste. Il s’agit notamment de Adam SMITH, Jean Baptiste SAY et John Stuart MILL.
1- Adam SMITH : la père de l’économie moderne et tête de file du courant des classiques. Hormis son ouvrage philosophique de 1759 (« théorie des sentiments moraux »), Il publie en 1776 un célèbre ouvrage intitulé « recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » ou « richesse des nations ». Il entre dans le débat sur la valeur, l’origine de la croissance économique et du développement.
a- théorie de la valeur : Adam SMITH s’intéresse principalement à la valeur des biens marchands (biens échangés sur un marché). Il montre que la valeur des biens sur un marché (reflétée par leur prix en unité monétaire) peut dépendre de sa valeur d’usage (son utilité totale, c’est-à-dire des différents usages que l’on peut en faire) et du travail commandé (nombre d’heure de travail ou quantité de main d’œuvre) pour sa production. Il conclu sur la dominance des coûts, en nombre d’heure de travail, comme déterminant de la valeur d’un bien.
b- Croissance économique (l’importance de la division du travail) : La croissance économique est principalement la résultant de la division du travail au sein des entreprises privées, d’une part, mais aussi au niveau international entre pays, d’autre part. Une division de plus en plus fine du travail garanti donc un accroissement infini de la richesse des nations (vision optimiste de la croissance dans un système capitaliste).
Division du travail au sein des entreprises privées: Selon Adam SMITH, alors que le travail permet de produire des biens ayant de plus grande valeur, la division du travail permet d’approfondir la spécialisation dans les tâches techniques du processus de production ; cette spécialisation, qui favorise la performance des travailleurs et leur compétitivité, a pour effet d’augmenter, de façon plus que proportionnelle, la production des entreprises et la richesse nationale (croissance économique).
Division internationale du travail (Théorie des avantages absolus) : Contrairement aux idées mercantilistes, Adam SMITH affirme que le commerce extérieur est un jeu ou tous les participants (pays) sont des gagnants (jeu à somme positive). Il construit sa vision du commerce international autour du principe de la division du travail où il montre que pour avoir des gains au commerce international, chaque pays doit se spécialiser dans la production du bien pour lequel il a un avantage absolu (qu’il produit en moins d’heure de travail que dans les autres pays).
c- De la croissance au développement (la théorie de la main invisible): Dans l’explication du passage de la croissance économique (accroissement des richesses nationales) au développement économique (la maximum de bien-être pour toute la population), Adam SMITH énonce la célèbre « théorie de la main invisible » qui précise que « la somme des intérêts individuels est égal à l’intérêt collectif ». Le développement économique, ou le maximum de bien-être collectif, est atteint grâce à l’action d’une main invisible qui exclu toutes autres interventions, notamment celles de l’Etat.
2- Jean Baptiste SAY: Il est connu pour avoir développé la fameuse « loi des débouchés » qui s’énonce de deux manières différentes : « l’offre créée sa propre demande » ou « les produits s’échangent contre les produits ». Cette loi repose sur deux postulats (la neutralité de la monnaie et de la flexibilité des prix) et confirme deux conclusions classiques (l’absence de déséquilibre et la non-intervention de l’Etat).
Hypothèses de la loi: En effet, la loi des débouchés considère que lorsqu’un bien est produit (offre) et vendu, le revenu monétaire reçu est directement utilisé pour acheter un autre bien (création immédiate de la demande). Dans ce mécanisme, la loi des débouchés n’est plausible que si le revenu monétaire reçu n’est utilisé que pour effectuer des transactions (c’est la neutralité de la monnaie) et n’est pas conservé. Ainsi, tant que la loi des débouchés est vérifiée, il ne peut y avoir de déséquilibre entre l’offre et la demande, donc pas de crise économique de surproduction. Aussi, Jean Baptiste SAY souligne que même s’il survient par hasard un petit délai entre le moment de la réception du revenu monétaire et celui de sa dépense (du à imprévu), les prix sont si flexibles que le déséquilibre n’est pas ressenti sur le marché (vision optimiste sur l’inexistence des déséquilibres dans un système capitaliste)
Conséquences de la loi : Après avoir démontré qu’il est difficile, voire impossible que survienne un déséquilibre sur le marché des biens et services, Jean Baptiste SAY conclu sur l’inutilité d’une intervention économique de l’Etat sur le marché. De ce fait, le rôle de l’Etat doit se limiter à ses tâches régaliennes (L’Etat gendarme qui s’occupe de la sécurité nationale, de la protection du territoire national etc.).
3- John Stuart MILL: Surdoué, il effectue une synthèse des théories classiques ou il se montre favorable à l’Etat stationnaire de David RICARDO et développe la théorie de la demande réciproque.
Dans sa synthèse de l’école classique, John Stuart MILL étudie les écrits de Adam SMITH et David RICARDO. Contrairement à David RICARDO qui craint l’état stationnaire, John Stuart MILL a une vision optimiste de l’état stationnaire (évolution de l’économie à taux constant). Pour lui, l’état stationnaire permettra aux Hommes de ne plus se préoccuper du matériel, et de se tourner vers des questions métaphysiques (vision optimiste quant à l’évolution du système capitaliste vers des questions métaphysiques, utiles au bien-être de l’homme).
La théorie de la demande réciproque de John Stuart MILL complète à la fois les analyses de Adam SMITH et de David RICARDO sur le commerce international. En effet, alors que les deux premiers se focalisent sur les déterminants des gains au commerce extérieur du côté de l’offre (spécialisation et production des biens pour lesquels ont possède un avantage absolu ou relatif), John Stuart MILL s’intéresse au côté de la demande. Il conclut que les petits pays (ceux ayant un faible pouvoir d’achat) vont gagner plus que les grands pays (ceux ayant un grand pouvoir d’achat) au commerce extérieur s’ils se spécialisent dans les biens qui sont fortement demandé par l’extérieur (qui ont une forte élasticité-revenu). Ainsi, il y aura une convergence entre ces deux types de pays, où les petits pays vont rattraper les grands pays.
B- Classiques pessimistes :
Les classiques pessimistes sont les auteurs qui ont une vision pessimiste quant à l’avenir du système capitaliste. Il concerne Davis RICARDO, Thomas Robert MALTHUS.
1- David RICARDO : ses analyses tournent autour de la théorie de la valeur, celle de la répartition des richesses dans le système capitaliste qui conduit inévitablement à un Etat stationnaire. Pour réduire le risque d’atteindre l’Etat stationnaire, il propose l’ouverture au commerce international.
a- théorie de la valeur : Comme Adam SMITH, David RICARDO s’intéresse aussi à la valeur des biens marchands. Il accepte que la valeur des biens sur un marché puisse dépendre de sa valeur d’usage, mais au lieu du travail commandé, il parle du travail incorporé (le nombre d’heure de travail ou quantité de main d’œuvre nécessaire à la production du bien, auquel on ajoute le nombre d’heure nécessaire pour fabriquer les outils utilisés). Dans cette conception, en plus du facteur travail, David RICARDO amorce une idée du facteur capital.
b- La théorie de la répartition des richesses dans un système capitaliste (l’état stationnaire) :Dans sa théorie de la répartition des richesses, David Ricardo distingue la classe les propriétaires fonciers (qui détiennent les Terres, reçoivent des rentes et les dépenses pour l’achat des biens de luxes), les ouvriers (qui offrent leur force de travail, perçoivent un salaire et le dépense à la consommation de biens alimentaires) et les entrepreneurs capitalistes (qui offrent les capitaux techniques et financiers, perçoivent le profit et l’utilise pour de nouveaux investissements). Dans son approche, l’entrepreneur est l’agent qui réparti les bénéfices de la production. Il donne tout d’abord la rente, ensuite il paie les ouvriers et reçoit en dernier le profit (qui est un considéré comme le résidu du bénéfice).
A long terme, les Terres fertiles deviennent rare (ce qui a pour effet d’accroître la rente que reçoive les propriétaires fonciers), la population s’agrandie (ce qui augmente la masse de salaire allant en direction des ouvriers) et pour une même quantité de bien pouvant être produite, le profit des entrepreneurs capitalistes se réduit d’années en années. La baisse du profit des entrepreneurs limite leurs capacités d’investir et conduit l’Economie vers un état stationnaire ou l’économie croît à un taux fixe.
c- Théorie du commerce international (la théorie des avantages relatifs) : En compléments aux analyses d’Adam SMITH, David RICARDO s’intéresse aux pays qui ont un désavantage absolu dans tous les biens. A cet égard, il précise qu’il est toujours possible pour ces derniers d’obtenir des gains au commerce international en se spécialisant dans la production du bien pour lequel ils ont un avantage relatif (qu’il produit relativement en moins d’heure de travail que dans les autres pays).
2- Thomas Robert MALTHUS : Pasteur, il développe la loi de la population où il tente une explication de la pauvreté qu’il observe en Grande-Bretagne.
Dans sa loi de la population, Thomas Robert MALTHUS énonce que la population croît suivant une progression géométrique alors que les moyens de subsistance croissent en suivant une progression arithmétique; si cette progression se poursuit, il en résultera un déséquilibre dans le système capitaliste. Ce déséquilibre se reflète par la paupérisation de la population et une grande famine (vision pessimiste du système capitaliste, par l’accroissement de la famine).
Dans son analyse, Thomas Robert MALTHUS considère l’économie comme un vaste banquet (« le banquet de la nature ») où toutes les places sont déjà réservées. Ainsi, l’arrivée d’un invité supplémentaire (une naissance imprévue) contraint les ayant-droits à réduire leurs parts pour le nourrir, et si un tel comportement se poursuit (les naissances imprévues et l’aide aux pauvres), cela conduira inévitablement à un accroissement de la pauvreté.
Pour éviter cet état de fait, Thomas Robert MALTHUS met en évidence des mécanismes de régulation naturelle (les guerres, les séismes, les tsunamis et toutes autres catastrophes naturelles qui réduisent la population par la mort des Hommes qu’elles causent) et préconise une intervention minimale de l’Etat pour mettre sur pied des mesures visant à réduire l’évolution de la population en limitant l’aide aux pauvres, en repoussant l’âge du mariage (En tant que pasteur, et au regard des mœurs de son époque, il suppose que les enfants ne se conçoivent que dans le mariage) et en favorisant les longues études etc.
III- POINTS COMMUNS AUX CLASSIQUES
Même si les auteurs classiques font des analyses hétérogènes (diversifiées), certains points communs peuvent être distinguées.
1- Conception objective de la valeur
Les classiques considèrent que la valeur d’un bien est intrinsèque et dépend fondamentalement des coûts de production, notamment du facteur travail (nombre de travailleurs ou nombre d’heure de travail) et du facteur capital (capital physique et financier).
2- Analyse scientifique
Les classiques adoptent une analyse scientifique, c’est-à-dire neutre vis-à-vis de la morale et de l’action (exemple : réduction de l’aide aux pauvre). Elle suit une démarche rigoureuse (procédé d’observation, d’explication et de prévision en vue de l’action) et dégage des lois (exemple : « loi des débouchés », « loi de la population »).
3- Analyste de l’offre
Les classiques considèrent l’activité économique, la croissance et le développement repose sur le processus de production, c’est-à-dire de l’offre de bien et service. Il faut et il suffit d’accroître la production, grâce à la division du travail, pour que l’économie connaisse une croissance et assure le plein emploi.
4- Analyse en Terme d’équilibre de plein emploi
Les classiques considèrent que l’économie est fréquemment en situation d’équilibre de plein emploi et ne peut connaître de crise. S’il survient un déséquilibre (du à un choc extérieur), la flexibilité des prix ramène immédiatement l’économie en situation d’équilibre.
5- Analyse dichotomique
En limitant l’usage de la monnaie au motif de transaction, les classiques séparent la sphère réelle (composées de phénomènes réels tels que la croissance, le chômage, etc.) de la sphère monétaire (composée de phénomènes monétaire tels que la variation de la masse monétaire, l’inflation etc.). Aucune variable monétaire ne peut influencer significativement les variables réelles.
6- Non intervention de l’Etat
Etant donné que l’Economie est toujours en situation d’équilibre de plein emploi, il est inutile que l’Etat intervienne économiquement. Le rôle de l’Etat est donc minimal et il doit se contenter d’assurer ses tâches régaliennes.
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