
Demande effective selon Keynes
26 mai 2019Chers économistes
La notion de demande effective
Quand la demande attendue est importante, les entrepreneurs embauchent une main-d’œuvre nombreuse. C’est cette production que les entrepreneurs pensent pouvoir vendre que Keynes appelle demande effective (schéma 1). Une autre façon de définir le concept de demande effective consiste à dire qu’il s’agit de la demande anticipée par les entreprises. Le futur n’étant pas connu avec certitude, l’appréciation de l’entrepreneur sur la demande effective pourra être erronée, et cette erreur aura des effets sur l’emploi ce qui, par conséquent, se répercutera sur le niveau de la demande réelle. Ainsi, si un entrepreneur anticipe une demande faible, il créera peu d’emploi, moins que si son anticipation était plus optimiste. De ce fait, les revenus distribués seront plus faibles et la demande réelle sera inférieure au niveau qui aurait été le sien si les prévisions avaient été plus exactes.
On notera la double révolution introduite par J.M. KEYNES :
##D’une part, la demande effective dépend en partie du niveau de consommation des ménages. C’est à partir, entre autre, de ce niveau de consommation anticipé que les entreprises fixent leur niveau de production. L’idée nouvelle tient à ce que l’ensemble des ménages n’a plus à rechercher une épargne effrénée, ce qui va à l’encontre des théories précédentes qui préconisaient davantage des comportements économes (liés par ailleurs à certains principes moraux). Ces théories percevaient difficilement le fait qu’on pouvait accroître la richesse globale en prônant un comportement dispendieux (il n’est pas inutile de rappeler que la vie de J.M. KEYNES a bousculé, par bien des aspects, les lois morales traditionnelles et que sous l’homme d’affaires et le boursier avisé, le théoricien cachait un comportement d’épicurien raffiné qui, le jour de sa mort, regrettait de n’avoir pas bu davantage de champagne…).
##D’autre part, J.M. KEYNES préconise l’intervention de l’Etat lorsque la demande effective est d’un niveau insuffisant pour satisfaire le plein emploi. En cas de défaillance individuelle des entrepreneurs, seul l’Etat peut intervenir dans la vie économique en impulsant la relance par des investissements publics par exemple. L’auteur, qui ne croyait pas « à la main invisible », a défendu l’idée d’un Etat interventionniste lorsque le besoin se manifestait. Cette « révolution » évoluera, après la seconde guerre mondiale, vers l’Etat-Providence sous l’impulsion de BEVERIDGE.
Donc, chez Keynes, les décisions des entrepreneurs ne relèvent pas seulement de considérations objectives. De nombreux éléments qui interviennent dans la décision sont non quantifiables, ce qui impose un pari sur l’avenir, résultat de l’impossibilité de disposer aujourd’hui des informations nécessaires à la décision.
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